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Depuis un an, violences et guerres s’enchaînent autour de perspectives de « guerre totale », désormais d’un « nouveau Moyen-Orient » évoqué par un premier ministre israélien en « mission sacrée », faisant penser au moment néoconservateur de la politique américaine en 2002-2003. Le rôle de l’Iran est au cœur des débats, et, dans ce domaine, deux interprétations s’opposent.
La première voit dans l’Iran la cheville ouvrière d’un « axe de la résistance » aux Etats-Unis et à Israël aux côtés du Hezbollah, de la Syrie, des houthistes, des groupes chiites irakiens et du Hamas. Depuis les frappes israéliennes sur le consulat iranien à Damas et la riposte iranienne dirigée directement sur Israël, l’Iran peut compter sur ces acteurs par procuration (proxies) pour ouvrir des fronts face à Israël. Dans une version moins belliqueuse que celle de Benyamin Nétanyahou, cette interprétation amène à l’hypothèse d’une contre-alliance, un « front américano-euro-arabe » (sunnite) contre l’Iran.
Cette vision a cependant ses limites. L’Iran ne semble pas dans une logique de confrontation et, en août, le Guide suprême, Ali Khamenei, s’est dit prêt à des négociations avec les Etats-Unis sur le programme nucléaire. La lenteur de la riposte iranienne à l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran – une première prouesse israélienne et une humiliation pour l’Iran – va dans ce sens. Il ne semble pas qu’il faille donner trop d’importance aux (nombreux) appels à Téhéran à franchir le seuil de la militarisation nucléaire : ce sont des clameurs usuelles.
Plus que l’« axe de la résistance » tant ressassé, la notion d’« unité des arènes » (wahda al-sahat) est plus pertinente pour qualifier ces formes d’alliances où chacune des composantes conserve une marge de manœuvre. Feu le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a expliqué en août que l’Iran (comme la Syrie) « n’était pas obligé d’entrer dans les combats », tout en demandant son soutien logistique, moral, politique, symbolisé par le canal de fourniture de matériel depuis l’Iran à travers l’Irak et la Syrie jusqu’au Liban.
Très différente, la seconde interprétation de la stratégie iranienne, qui ouvre de maigres perspectives de sortie de crise, ne postule pas que l’Iran est à la tête d’un « axe » dans une logique de guerre, mais que l’ambition de l’Iran est d’être reconnu comme puissance régionale. L’« axe de la résistance » existe certes bien, et les généraux des pasdarans tués (un au consulat, un avec Nasrallah) en témoignent, mais, malgré ses missiles, ses drones ou son programme nucléaire, l’Iran a conscience de ses faiblesses militaires, si un combat frontal devait l’opposer à Israël – les prouesses israéliennes, avec les bipeurs, les talkies-walkies puis la décapitation de l’organigramme du Hezbollah, ont été perçues à Téhéran.
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